PRESENTATION DES COMORES
PRESENTATION DES COMORES
LIENS UTILS
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HISTOIREFormé il y a environ 9 millions d'années, l'archipel des Comores, d'origine volcanique, ne semble pas avoir connu de présence humaine avant le viie siècle10, les mammifères en étant probablement absents à l'exception des roussettes. Les viiie et ixe siècles voient les premières installations humaines. Il semble que les premiers habitants appartiennent déjà aux premiers peuples swahilis, caractérisés par une culture d'origine bantoue11 répandue sur l'ensemble des rivages de l'Afrique orientale de la Somalie au Mozambique, entretenant des relations encore mal connues avec les populations malgaches, d'origine austronésienne. Mayotte et Anjouan ont été occupées plus tardivement car les deux îles se différencient de l'ensemble des Comores par une évolution linguistique spécifique, et une influence malgache plus prononcée. Le commerce maritime, très actif dès cette époque, atteste de contacts avec le Moyen-Orient musulman, notamment la Perse, puis l'Oman. Les premières populations n'étaient vraisemblablement pas musulmanes, et ne se seraient islamisées que plus tard, au contact des marchands arabes. Aux xiiie et xve siècles, l'archipel se structure sous la direction de chefs musulmans, les Fani. Les contacts culturels avec la côte swahilie et Madagascar sont importants. Vers 1470, des sultanats shirazi (originaires de Perse) s'établissent progressivement sur les îles, reconnus jusqu'au début du xixe siècle. C'est de cette époque que date l'établissement de l'islam sunnite chaféite encore pratiqué dans l'archipel10. L'archipel des Comores constitue la frontière sud de l'aire culturelle swahilie qui se développe à partir de la fin du Moyen Âge dans cette région que l'on appelle à l'époque le Zanguebar ; Mayotte constitue également le point de contact de cet ensemble avec la culture malgache, très différente, ce qui fait de cette île un carrefour d'influences - mais aussi une cible guerrière. Les influences venues de l'ensemble de l'océan Indien, mais aussi de la côte africaine, chamboulée par l'irruption des Bantous, et de la côte malgache, ne cessent de façonner la société swahilie insulaire. Une immigration bantoue et malgache (Sakalaves) commence insensiblement. En 1453, la chute de Constantinople ferme brutalement les routes commerciales qui reliaient l'Europe à l'Orient. S'ouvre alors l'âge d'or du commerce maritime, qui contourne l'Afrique pour atteindre l'Inde et la Chine : le canal du Mozambique se retrouve donc subitement au cœur de la principale route commerciale au monde, entraînant une importante période de prospérité pour les nombreuses îles et cités-États de l'aire culturelle swahilie. C'est alors Anjouan qui devient l'île la plus prospère de l'archipel, car plébiscitée par les marins : comme elle dispose de trois côtes, les marins sont sûrs de pouvoir s'y mettre à l'abri de n'importe quel vent, et les mouillages y sont excellents ; les Portugais en font rapidement une relâche incontournable dans la route des Indes, et établissent des relations commerciales avec la population13. C'est du début du xvie siècle que datent les premières relations directes avec les peuples européens, et tout d'abord les navigateurs portugais, mais aussi des navigateurs ottomans comme Piri Reis. L'archipel est suffisamment connu des Européens en 1751 pour avoir un article à son nom dans l'Encyclopédie de Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert14. Les xviie et xviiie siècles sont une période particulièrement prospère pour les Comores, idéalement placées sur une route commerciale florissante entre l'Europe et ce qui devient l'empire omanais. Mais cette richesse s'accompagne bientôt de rivalités politiques entre les quatre îles (on parle alors de « sultans batailleurs »), qui donnent lieu à de nombreuses razzias et guerres ouvertes : ainsi de 1742 à 1791, le sultanat d'Anjouan réalise plusieurs tentatives pour conquérir le sultanat de Mayotte, et vole notamment le minbar en bois sculpté de la mosquée de Tsingoni. De 1795 à 1820, les razzias des pirates malgaches (Sakalaves et Betsimisarakas) dépeuplent considérablement les trois îles mineures11, et font sombrer l'archipel dans une grave crise économique, rapidement doublée d'une crise politique, marquée par de nombreux assassinats de sultans et prises de pouvoir par des souverains étrangers (malgaches, zanzibariens, omanais…). En particulier, le roi sakalave du Iboina à Madagascar, Andriantsoly, offre sa protection au sultan de Mayotte Bwana Combo en échange de la moitié de son île, mais l'expulse ensuite à Mohéli. Celui-ci tenta alors de s'allier au sultan local d'origine malgache le hova Ramanetaka (devenu le maître de Mohéli sous le nom d'Abderahmane), qui préféra cependant le spolier pour devenir co-sultan de Mayotte à sa place. Ambitieux, il chasse Andriantsoly de Mayotte en 1836 pour régner sans partage sur l'île, mais regagne ensuite Mohéli. Andriantsoly s'allie alors au sultan Abdallah d'Anjouan pour récupérer l'île15. Andriantsoly souhaite préserver l'autonomie de son île face aux autres souverains comoriens, et la protéger des attaques de pirates : or, dépourvu d'allié contre ces derniers et contre la monarchie malgache soutenue par la Grande-Bretagne, il se sait menacé. Il se tourne alors vers les rivaux des Britanniques, les Français, qui, eux aussi présents à Madagascar depuis 1643, viennent de s'emparer de Nosy Be. Le 25 avril 1841, le sultan Andriantsoly, considérant qu'il ne peut plus protéger son île presque entièrement dépeuplée par les guerres incessantes (tous les villages sont alors abandonnés à l'exception de Dzaoudzi), vend Mayotte à la France16, en échange d'une rente à vie et de l'autorisation d'élever ses enfants à la Réunion aux frais de la France. À cette date Louis-Philippe Ier, alors roi des Français, intègre officiellement Mayotte à la France. Mayotte lie donc son destin à celui de la France dès le début du xixe siècle, tandis que les trois autres îles demeurent un temps indépendantes, mais rapidement courtisées et convoitées par les différentes puissances coloniales. En 1851, par l'Expédition d'Anjouan, les États-Unis imposent à Anjouan un traité de commerce privilégié. En 1869, l'ouverture du Canal de Suez signe l'arrêt de mort de la route des Indes par le Canal du Mozambique : en quelques décennies, les milliers de navires de commerce qui faisaient escale aux Comores chaque année se déroutent vers l’Égypte, et la manne financière que représentait l'activité portuaire disparaît brutalement, plongeant les ports de la région dans la misère. Des Européens s'installent progressivement aux Comores, y acquièrent des terres et des esclaves[Information douteuse], et y font parfois fortune, comme Léon Humblot (installé en 1884), qui à la suite d'un contrat avec le sultan de Bambao Said Ali bin Said Omar devient rapidement l'homme le plus puissant de l'archipel, surnommé le « sultan blanc des Comores », régnant d'une poigne de fer sur la Grande Comore, à la tête d'un système reposant sur l'esclavage. C'est donc en partie pour tempérer ces ambitions individuelles que la France entreprend d'établir un protectorat aux Comores, ratifié par le sultan de Grande Comore en 1886. À partir de 1892, le pouvoir sur les îles des Comores est exercé par les Résidents subordonnés aux gouverneurs de Mayotte (donc sous autorité du Président de la République Française), qui peu à peu ont pris le pouvoir et fait abolir l'esclavage (Humblot est déchu de ses privilèges en 1896). Les exploitations coloniales constituent près de la moitié de la Grande Comore, 40 % d'Anjouan, 20 % de Mohéli. Les îles deviennent alors colonie de « Mayotte et dépendances ». La langue officielle devenu le français, l'enseignement passe de l'arabe au français. L'usage des dialectes kiswahilis se poursuit cependant dans le milieu du commerce. En 1904 le rattachement juridique officiel se fait entre les îles. Il est suivi, le 25 juillet 1912, d’un second décret rattachant officiellement « Mayotte et ses dépendances » à Madagascar. Peu à peu, les terres sont rétrocédées aux Comoriens, et une élite locale voit progressivement le jour (souvent éduquée à la Réunion avant la fondation du lycée de Moroni). En 1946, l'entité « Colonie de Madagascar et dépendances » étant une colonie française, elle n'est plus rattachée administrativement à Madagascar, devenue indépendante, et forme pour la première fois de son histoire une entité administrative unie et reconnue, sous le statut de territoire d'outre-mer (TOM). Ce sera véritablement la première fois que les quatre îles formeront un seul bloc d'un point de vue administratif, malgré le mécontentement des Mahorais qui dès 1946, voyant la Guadeloupe, La Guyane, La Réunion et la Martinique être départementalisés, ont publiquement demandé au gouvernement le souhait de transformer l'île en département. Ce souhait n'arrivera que 65 ans plus tard, tandis que les quatre DOM d'origine vont connaître une accélération dans leur développement. Après la vague des indépendances des pays africains durant les années 1960, un certain nombre d'intellectuels commencent à réclamer une indépendance pour les Comores. Avec les accords du 15 juin 1973, dans un objectif d'indépendance concertée, la France organise la consultation de 1974. Mayotte, française depuis deux générations de plus que ses sœurs, s’exprime différemment des trois autres îles, faisant alors le choix du maintien de son statut français alors que les autres votent massivement pour l'indépendance. Selon le point de vue comorien, Jacques Chirac, Premier ministre, aurait décidé de ne pas lier le sort de Mayotte à celui des trois autres îles, et cela en opposition avec les écrits antérieurs de Valéry Giscard d'Estaing sur le sujet et avec le droit international, ce qui aurait heurté les élus des îles. Par la voix de l'Anjouanais Ahmed Abdallah Abderamane, l'indépendance de l'État comorien est déclarée unilatéralement le 6 juillet 1975. Selon le point de vue français, le sort des deux fractions du territoire n'est pas lié pour des raisons tant juridiques que politiques. En effet, Mayotte est française depuis 1841 (achat de l'île) alors que le reste des Comores n'est qu'un simple protectorat depuis 1886. Ainsi le résultat du référendum devait être interprété île par île. En outre, la Constitution ne permet pas de donner l'indépendance sans le consentement de la population. C’est pourquoi, la consultation mahoraise étant négative, Mayotte sera, à l'inverse des autres îles, maintenue dans le statu quo ante. Cette différence d'appréciation demeure depuis un sujet de tensions diplomatiques récurrentes entre la France et les Comores, mais aussi entre la communauté mahoraise et le reste des Comoriens. Depuis l'indépendanceFace au refus français de reconnaitre l'île de Mayotte comme un territoire comorien, le président du Conseil des Comores, Ahmed Abdallah Abderamane, proclame unilatéralement l’indépendance de l'ensemble de l'archipel, le 6 juillet 1975. Il est renversé un mois plus tard par l'opposition de gauche emmenée par Ali Soilih, favorable à de meilleures relations avec la France. Le mercenaire français Bob Denard, avec l'aval de Paris, débarque ensuite pour capturer Ahmed Abdallah Abderamane, qui s'était réfugié sur son ile d'Anjouan. Au pouvoir, Ali Soilih met en place une politique socialiste et réclame à son tour que la France restitue Mayotte. De nouveau missionné par les services de renseignement français, le SDECE, Bob Denard organise un nouveau coup d’État visant cette fois à réinstaller Ahmed Abdallah Abderamane, mieux disposé à l'égard de la France depuis son exil dans la métropole. Ali Soilih est capturé le 13 mai 1978 et exécuté quelques semaines plus tard. Pendant les dix années qui suivent, Bob Denard sert comme premier conseiller Abdallah Abderamane ; surnommé le « vice-roi des Comores », il est parfois considéré comme le véritable homme fort du régime. Très proche de l'Afrique du sud, qui finance sa « garde présidentielle », il permet à Paris de contourner l’embargo international visant le régime d'apartheid via Moroni. Il met aussi sur pied depuis l'archipel un corps de mercenaires permanent, appelé à intervenir à la demande de Paris ou de Pretoria dans des conflits en Afrique18. En 1997, Anjouan et Mohéli proclament unilatéralement leur indépendance de la République fédérale islamique des Comores et souhaitent leur rattachement à la France, mais cette dernière refuse. Cette tentative de sécession entraîne un embargo mené par la RFIC et l'OUA. Alors qu'en 1998, sous l'égide de l'OUA, Mohéli accepte de nouveau l'autorité de Moroni, Anjouan refuse toujours. En février 1999, le colonel Azali Assoumani prend le pouvoir sur la Grande Comore en renversant le président intérimaire Tadjidine ben Saïd Massounde, un Anjouanais ; ce qui provoque une grave crise institutionnelle. Le colonel Assoumani poursuit des négociations plus fructueuses avec le colonel Mohamed Bacar d'Anjouan afin de résoudre la crise. Cette crise sera résolue avec la signature des accords de Fomboni en 2000/2001 et le référendum du 23 décembre 2001. Avec ce processus de réconciliation nationale, les trois îles forment à nouveau une entité unique avec une nouvelle constitution sous l'égide de l'OUA : l'Union des Comores. Conformément à la Constitution, des élections sont organisées en 2006 ; elles ont été remportées par Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. En 2007, Mohamed Bacar, président d'Anjouan depuis 2002, cherche de nouveau à obtenir l'indépendance de l'île, alors qu'il vient d'emporter la présidence tournante de l'Union, contestée par la Grande Comore. Le 23 mars 2008, le président des Comores Ahmed Abdallah Mohamed Sambi envoie l'armée du pays, appuyée par l'Union africaine, lancer un assaut contre l'île d'Anjouan. La capitale tombe deux jours plus tard et le colonel Bacar prend la fuite19. En mai 2009, le président Sambi convoque les électeurs comoriens pour un référendum constitutionnel, qui est approuvé par 93 % des votants. Cette nouvelle constitution, corrigeant celle de 2001, renforce les pouvoirs du président de l'Union, ceux des îles devenant des « gouverneurs » avec une plus large autonomie. L'islam devient « religion d'État », alors que la Constitution précédente le définissait seulement comme « inspirateur des règles et principes qui régissent l'Union des Comores ». Le mandat du président est prolongé d'un an20. Son successeur Ikililou Dhoinine, qui était son vice-président depuis 2006, est élu le 26 décembre 2010 et lui succède effectivement le 26 mai 201121. Des gisements d'hydrocarbures ayant été découverts au Mozambique en 2010, Ikililou Dhoinine autorise en 2012 la compagnie Tullow Oil à mener une campagne de prospection pour tenter de déceler la présence de ressources pétrolières au large de l’archipel. Cette perspective fait rêver les dirigeants22. Le pays, soumis à une poussée démographique, connaît des difficultés économiques, la moitié de sa population vit au-dessous du seuil de pauvreté, et pour partie souffre de la faim23. Lors de la présidentielle de 2016, le candidat du pouvoir est son vice-président Mohamed Ali Soilihi. Mais celui-ci est devancé, après un scrutin à rebondissements, par l'ancien putschiste Azali Assoumani avec 41,43 % contre 39,67 % des suffages24,25. Le 30 juillet 2018, les Comoriens approuvent par référendum une nouvelle réforme constitutionnelle qui renforce encore les pouvoirs du président, l'autorisant notamment à briguer deux mandats consécutifs26. Cette réforme entérine également la suppression du poste de vice-président27 et supprime la cour constitutionnelle au profit de la Cour suprême.
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